La Nappe et le territoire

En 2019-2020, à l’invitation de l’école de Saint Martory, nous avons imaginé un projet artistique et culturel en résonance avec le village et ses singularités contemporaines, notamment la présence du Centre d’Accueil pour Demandeurs d’Asile/CADA abritant depuis 2015 une cinquantaine de personnes, venues de pays différents (Soudan, Afghanistan, Erythrée, Rwanda, Tchad…).

Nous avons proposé à Anne-Cécile Paredes de la compagnie OLA, implantée à Bordeaux, de dessiner avec nous les contours de cette aventure, se définissant elle-même comme une « asilée », dont le travail artistique tourne exclusivement autour de ces questions d’exil, d’émigration et d’accueil de l’autre.
Passionnée par ailleurs par la cuisine et accompagnée par deux autres artistes plasticiennes, Gwénaëlle Larvol et Sophie Fougy, Anne-Cécile Paredes a proposé un projet nommé « La nappe et le territoire », associant élèves, demandeurs d’asile et cuisiniers professionnels, autour de la réalisation de 4 recettes métissées : entrée, plat, dessert et boissons. Ces différents plats, dégustés sur une nappe bleue, feront nécessairement des tâches que les élèves et les demandeurs d’asile broderont avec du fil ocre, réalisant ainsi une cartographie de l’aventure, véritable nappe-monde de leurs rencontres…

Des premiers ateliers de cuisine dans le restaurant Hô famé et le bistrot de Pays Chez Kiki, avec leur cuisinier respectif (Loïc Aynes et Fabien Trinquier), sont sortis d’excellentes ballotines de poulet aux patates douces et riz aux épices et un délicieux hamburger sucré en trompe l’œil !
Malheureusement, les deux autres ateliers prévus, avec Bruno Habay, jardinier de l’Abbaye de Bonnefont et Bernard Garotin, alors cuisinier de Pronomade(s), ont dû être annulés ainsi que le vernissage de la « nappemonde » en juin dans les jardins de la Mairie de Saint Martory. Bien évidemment, le spectacle « Asile » de la compagnie OLA que nous avions programmé également en juin dans la salle des fêtes du village a lui aussi été annulé.
Durant le premier confinement, la plasticienne Sophie Fougy a consacré de nombreuses heures à la broderie de la nappe, broderie qui aurait dû se faire en collaboration avec les élèves et les demandeurs d’asile. Cela a néanmoins permis à la nappemonde d’être exposée durant tout l’été à l’Abbaye de Bonnefont, donnant de la visibilité à ce projet.